
Ce podcast sera diffusée tous les jours de manière aléatoire
Le Courrier du Coeur
En 1945 Hélène Gordon Lazareff, exilée russe et femme du magnat de la presse et fondateur de France Soir, fonde le magazine Elle dont la rédaction est confiée dès l’année suivante à Françoise Giroud.
Le premier numéro, sans publicité, souhaite s'adresser davantage « à ses lectrices comme citoyennes et non consommatrices ». Il est rapidement épuisé malgré le tirage de 700 000 exemplaires et restera la figure de proue de la presse féminine française durant plusieurs décennies.
Dans l’équipe fondatrice, une certaine Marcelle Ségal, amie d’Hélène Gordon-Lazareff. Les deux femmes s'étaient connues dix ans plus tôt pour le lancement de Paris-Soir Dimanche, où Marcelle Ségal s'occupait du courrier du cœur. Cette rubrique trouve donc tout naturellement une place de choix dès 1947 dans le magazine Elle. On murmure même qu’il s’agit de la rubrique la plus lue du magazine. A tel point que lorsque Marcelle Segal, à l’âge de 71 ans annonce qu’elle prendrait bien un peu de repos, la rédactrice en chef fera tout pour la retenir. Marcelle Ségal tiendra donc en haleine les lectrices par ses réponses tantôt ironiques, tantôt moralisatrices jusqu’à l’âge de… 91 ans soit jusqu'en 1987. Pendant 2 080 semaines, elle aura été la confidente de milliers de lectrices - et de quelques hommes - qui lui faisaient part de leurs peines de cœur. Elle recevait vingt lettres par jour, se faisait un devoir de répondre à tous ses correspondants et ne publiait qu' « une goutte d'eau » parmi celles qu'elle recevait.
Née à Paris le 15 mai 1896, bachelière avant 1914, divorcée en 1928, Marcelle Ségal avait fait des études de mathématiques qui ne la prédisposaient pas vraiment au « courrier sentimental », comme on l'appelait au début du magazine ELLE. Elle apprend la sténo, la dactylo et travaille dans une banque pendant neuf ans, avant de rejoindre Hélène Lazareff, qu'elle retrouvera après la guerre, pendant laquelle elle rejoindra la Résistance. C’est une femme forte et moderne qui va donc prendre par la main les lectrices du magazine durant 4 décennies. Son ton reflète à merveille la devise que l’on prête au magazine ELLE : « Du sérieux dans la frivolité, de l'ironie dans le grave. »
Nous avons retrouvé quelques dizaines de numéros datant de la fin des années 50/début des années 60. Le courrier du cœur y occupe une place centrale et raconte parfaitement la vie des femmes (et des hommes) de cette époque.
Parfois touchant ou désespéré mais toujours en prise avec son temps, le courrier du cœur, par les problèmes évoqués et la syntaxe employée paraît gentiment désuet mais il raconte à travers cet angle original davantage que beaucoup de films documentaires. Sa mise en scène épurée donne un podcast de 3 courriers et de la réponse qui leur a été apportée.
Et si dans le podcast Marcelle Ségal sera toujours la même voix de la sagesse, les lettres auront été lues par des personnes de la rue, représentatives des lectrices et lecteurs du magazine.
Le podcast s’arrêtera délibérément en 1968. Car après les femmes ne seront plus jamais les mêmes. Ce sera peut-être l’objet d’une autre série.
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